Driss Alaoui
Driss Alaoui a soutenu son HDR en décembre 2014 à l’Université de La Réunion.
Section CNU : 70e (Sciences de l’éducation et de la formation)
Directeur de recherche : TUPIN, Frédéric, PR, Université de La Réunion
Membres du Jury :
ABDALLAH-PRETCEILLE, Martine, PR, Université Paris VIII
ALTET, Marguerite, PR, Université de Nantes
CLANET, Joël, PR, Université de La Réunion
LENOIR, Yves, PR, Université de Sherbrooke, (Québec, Canada)
SABIRÓN SIERRA, Fernando, PR, Universidad de Zaragoza (España)
TUPIN, Frédéric, PR, Université de La Réunion
Statut et poste actuel : PR à l’université de La Réunion
Titre de la HDR soutenue :
De la diversité à l’étude des rapports à la diversité culturelle : pour une formation à l’interculturel critique
Résumé de la HDR :
Cette note de synthèse repose et se réfère aux travaux que nous avions menés tout le long de notre carrière en vue d’expliciter davantage les choix philosophiques qui les sous-tendent et de porter un regard critique sur leurs ancrages théoriques, épistémologiques et méthodologiques.
Ce retour réflexif et critique est structuré de la manière suivante :
La première partie intitulée « le moment de la thèse » cherche à expliquer les causes du tournant paradigmatique, que nous avions connu à cette époque (1990-1994). Le passage du paradigme positiviste vers le paradigme compréhensif, le recours à l’ethnographie de l’école, à l’analyse institutionnelle et à l’interactionnisme symbolique constituent quelques ancrages transformant radicalement le rapport aux différents objets de recherche explorés.
Comme son titre l’indique « Genèse et développement de l’intérêt pour la recherche interculturelle », la deuxième partie donne à lire le cheminement et la manière dont l’objet central de nos travaux, à savoir les rapports à la diversité, s’est construit. Elle tente également de montrer la pertinence du questionnement de Camilleri (1998) eu égard à la complexité des contextes dans lesquels agissent des sujets pluriels. Ce questionnement, que nous avions adopté pour structurer notre recherche dans le champ interculturel, a été en partie revisité. Un long développement vise à justifier et à présenter les considérations qui ont présidé à ce changement. Le but étant de préserver une cohérence et une complémentarité conceptuelles.
La recherche que nous avions menée dans ce champ s’articule autour de deux axes liés chronologiquement. Le premier étudie le rapport des sujets à la diversité culturelle et à l’altérité en milieu scolaire et universitaire réunionnais. Dans cet axe, l’accent est mis sur les points de vue et sur le sens provenant des dynamiques interactionnelles dont l’analyse qualitative a conduit à la définition du deuxième axe qui porte sur la formation à l’interculturel. Celle-ci, conçue en référence au paradigme de l’interculturel et de la complexité, repose principalement sur le journal interculturel critique que nous avions construit et ensuite expérimenté pendant plusieurs années dans le cadre de deux types de formation (d’une part la licence et le master sciences de l’éducation et d’autre part, les formations liées au champ social). La tenue du journal interculturel critique en binôme repose, entre autres, sur le penser avec et le penser contre qui animent le processus d’altération et conduisant à la fois à revisiter ou à maintenir son rapport à la diversité et à aboutir à l’une des visées du questionnement de C. Camilleri à savoir instituer du commun.
La troisième partie est dédiée à la présentation et à la discussion des ancrages théoriques, épistémologiques et méthodologiques de l’ensemble de nos travaux.
Enfin, les perspectives de recherche visent à transformer le journal interculturel critique, conçu initialement comme outil de formation, en outil de recueil de données ce qui stipule, bien entendu, la définition des critères de validation, l’élaboration d’un cadre épistémologique qui lui offre une assise permettant ainsi de le hisser au rang d’outil intégré dans une méthodologie qualitative.
La deuxième perspective tend à réfléchir et à rendre possible le rapprochement, sur le plan philosophique et épistémologique, entre le paradigme interculturel, conçu comme cadre de pensée des interactions situées dans un contexte divers impliquant des sujets dont l’un des traits majeurs est d’être des sujets pluriels, et la reconnaissance conçue paradoxalement comme condition et aboutissement des interactions. Dans cette perspective, l’interculturel pourrait être envisagé comme approche et démarche rendant possible la co-construction d’une culture de la reconnaissance. Cette articulation ne peut faire l’économie d’un questionnement critique de l’acte de socialiser et d’accompagner dans les différents univers socialisateurs.
Pour terminer, il convient de poursuivre le travail, déjà entamé, de consolidation de l’interculturel critique. Cette entreprise est justifiée, entre autres, par l’ampleur des dérives qui confinent et vident l’interculturel de ce qu’il a de complexe et de mouvant. Ces glissements fonctionnent comme des obstacles épistémologiques auxquels l’interculturel critique (Abdallah-Pretceille, 1996, 1999, 2003 ; Demorgon, 2001, 2005) prête une particulière attention à ses causes et à ses conséquences.
Mots clés : interculturel critique, diversité, altérité, altération, épistémologie, complexité.