Liliane Pelletier

PU, 70e section à l’université Lumière Lyon 2

Mail :liliane.pelletier[at]univ-reunion.remove-this.fr

CV

Parcours :

Suite à plusieurs années d’enseignement en primaire (académies de Créteil, Toulouse et La Réunion, 1986-2003), j’ai été directrice d’un Centre Académique de Lecture-Écriture à La Réunion (CALÉ de l’Entre-Deux, 2003-2006) puis ai été nommée par le Recteur en tant que chargée de mission du réseau académique des CALÉ (2006-2010). Recrutée en 2012 à l’IUFM de La Réunion, je suis MCF depuis 2013 à l’INSPÉ (ex ESPÉ) de l’académie de La Réunion et depuis 2021, titulaire d’une Habilitation à diriger des recherches (HDR) en sciences de l’éducation et de la formation. Mon expertise se situe dans le champ de l’éducation inclusive selon une démarche de recherche AVEC. Je m’intéresse tout particulièrement au partenariat école-familles. Le couple langue/langage est enfin pivot central de ma réflexion sur l’école et la société inclusives. Directrice adjointe du laboratoire Icare, je suis aussi chercheure associée au Laboratoire International sur l’Inclusion Scolaire (LISIS).

Ma thèse, soutenue à Toulouse en 1998 (mention très honorable avec félicitations à l’unanimité du jury), a porté sur la didactique de l’orthographe (Didactique de l'orthographe au cycle 3: le cas des homophones de /SE/). Elle s'inscrit dans la continuité de la maîtrise (1992) et du DEA (1993), tous deux conduits dans une perspective psycholinguistique avec des études centrées sur l’acquisition de l’orthographe puis élargies au domaine de l'écriture (ou productions de textes). Ces premiers travaux scientifiques menés et soutenus en tandem avec Alain Delsol (Pelletier & Delsol, 1992, 1993 ; Delsol, 1998 : Acquisition de l'orthographe du CE2 à la Quatrième : le cas des homophones de /SE/) ont reposé sur l’analyse des erreurs orthographiques pour conduire à un modèle d'acquisition de l’orthographe et à la définition d'invariants procéduraux en référence aux travaux de la psychologie du développement (Frith, 1985, Goswani et Briant, 1990, Seymour, 1993). Notre approche psycholinguistique s’est inspirée des travaux québécois des années quatre-vingt en conférant un statut particulier aux erreurs produites par les apprenants en situation d'écriture considérées comme traces d'opération intelligentes (approche constructiviste) et outils pour enseigner (démarche didactique). Le travail de thèse a pris naturellement une dimension praxéologique en s'efforçant de mesurer les effets d'une intervention “contrôlée” dans le cadre d'un système didactique donnée (le cycle 3), afin de saisir les procédures concrètes à l’oeuvre, communes, dans l'activité enseignante, regroupées sous le dénominatif « invariant pédagogique» (qui orientent et guident l’action), puis par Clanet (2001) sous le vocable d’ « organisateur des pratiques  d'enseignement » et Pastré (2007) celui d’« organisateur de l’activité enseignante ». Je poursuis certains travaux dans une perspective didactique, avec des études sur l'impact de l'offre pédagogique dans les acquisitions scolaires et l’accompagnement du changement dans les pratiques enseignantes dans le domaine du français écrit et oral.

Progressivement, je me suis questionnée sur le rôle des acteurs dans les acquisitions scolaires au rang desquels les parents, souvent absents de l'espace scolaire. Postulant que les relations école-familles reposent souvent sur des malentendus (Dubet, 1997) et constatant que la plupart des recherches n'étudient l'implication parentale qu'au niveau de l'école primaire, au moment où elle est la plus forte (Catsambis, 2007 ; Duru-Bellat et van Zanten, 2006), j'ai ouvert la réflexion au collège et au lycée. Mes travaux portent principalement sur les composantes de la formation au partenariat École/familles.

Depuis plusieurs années, la mise en oeuvre de la coéducation dans les établissements est une de mes préoccupations majeures, interrogée sous l’angle des transitions et des mobilités. Le “contexte” est supposé vecteur d’explication sociologique pour une étude des différentes manières d’appréhender la coéducation dans un espace contextualisé. Bref, la contextualisation (Tupin et Dolz, 2008 ; Tupin et Wharton, 2009 ; Sauvage Luntandi et Tupin, 2012) est mise en tension avec l’environnement que délimite le point de vue de l’enseignant ou celui du chercheur et à partir de laquelle il théorise son action (Marcel, 2002). Parmi mes projets de recherche qui conservent tous l’objet-langue comme fil rouge, je citerai ici celui de 2016-17 portant sur les familles migrantes au-delà de la zone Sud-Ouest de l’océan Indien, leurs conceptions des finalités de l’école et leur manière de concevoir des formes d’implication parentale.

La thématique de cette recherche s’inscrit dans une perspective comparative entre cultures et sociétés distinctes, entre finalités éducatives et scolaires sensiblement différentes. Deux champs d’étude : Le Québec et La Réunion. Le projet a été réalisé en collaboration avec des membres de l’équipe du CREAS et de l’université de Sherbrooke (Yves Lenoir, Abdelkrim Hasni, Johanne Lebrun, Annick Lenoir et Sabrina Moisan) et conçu initialement comme extension liminaire du volet D du projet de recherche internationale en éducation “Quelle école au XXIe siècle ?”, sous la direction du Professeur Lenoir. Sa réalisation a eu lieu à la session d’automne 2016, période durant laquelle le CREAS m’a accueillie en tant que professeure invitée. L’analyse a porté notamment sur le processus de socialisation familiale et communautaire et/ou scolaire selon les systèmes scolaires. Dans cette étude, ont été interrogées les relations école-familles migrantes au Québec et à La Réunion, sous l’angle de l’implication parentale à la maison, à l’école et dans la communauté (Deslandes, 2001, 2009; Epstein, 2001, 2008).

Mes travaux actuels s’intéressent ainsi aux questions de relation  (rapport à soi/aux autres, rapport à l’école/au monde, rapport à la langue/au langage) et aux tensions qui se font jour entre des publics dits vulnérables (parents démunis, familles migrantes, élèves décrocheurs, adultes en situation d’illettrisme) et des professionnels  (enseignants, éducateurs, animateurs, directeurs…) qui interviennent auprès de ces publics dans des contextes sensibles (territoire ultramarin et/ou zone d’éducation prioritaire).

Au delà de l’université de Sherbrooke, mon séjour au Québec a permis le développement de partenariats avec plusieurs institutions dont l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Avec le soutien et l’accompagnement de Delphine Odier-Guedj (Cerfa/UQAM), un projet scientifique pluriannuel a pu se dessiner : intitulé “Vers une société inclusive”, il a pour ambition de dresser un état des lieux des pratiques inclusives à La Réunion et à Mayotte, en prenant en compte l’ensemble des acteurs dont particulièrement les familles. Depuis mon retour du Québec en 2017, je travaille avec plusieurs chercheurs du laboratoire Icare sur les concepts d’éducation et de sociétés inclusives et porte ce projet scientifique.

La problématique de l’école et de la société inclusives relève d’une question vive en éducation. L’approche scientifique retenue pour la mettre à distance dans mes travaux d’HDR, relève des Sciences de l’éducation et de la formation et s’inscrit dans une approche socio-anthropologique au fil de laquelle sont analysés, en écho, les comportements observés en situation scolaire et la manière dont les acteurs donnent sens à leur vie professionnelle, au quotidien, dans les conditions proposées par le législateur. 

Les travaux et analyses scientifiques sur lesquels s’appuie ma note de synthèse intitulée « De la méthodologie expérimentale à la recherche interventionniste. Contribution à une approche socio-anthropologique de l'école et de la société inclusives », se situent à l’intersection des deux thèmes du laboratoire Icare, dans la catégorie des recherches pragmatiques, au sein de son projet quinquennal. Dans ce contexte, l’enjeu consiste à explorer des réponses fonctionnelles articulées à cette question vive, via des recherches qui partent de l’identification des besoins et des préoccupations des acteurs.

Pour résumer, ma note de synthèse livre « une schématisation de l’école et de la société inclusives, potentiellement utile pour caractériser des pratiques, dans et hors les murs de l’école et questionner les dynamiques interactionnelles inclusives qu’elles peuvent engendrer » (Modèle « des dynamiques interactionnelles inclusives » , dit Pyramide D2i). En son sein, la démarche de recherche correspond à une modalité « d’intervention et de développement professionnel en situation d’inter-métiers ». Cette pyramide « vient élargir la question de l’intervention, au-delà des murs de la classe » (intervention à la fois scolaire, éducative, sociale ou professionnelle) et questionne les pratiques professionnelles des différents métiers de la situation inclusive. À la clôture de cette note, l’idéal inclusif est envisagé comme la finalité première de l’école du XXIème siècle, dont l’examen critique est à penser en tenant compte du mouvement dialectique qui l’anime, entre mythe et réalité. Dans ce contexte, le "chercheur-citoyen" doit particulièrement faire preuve de vigilances (Pelletier, 2019) pour déjouer les pièges d’une idéologie qui sert parfois de base à l’inclusion scolaire (Grenade et Trépanier, 2017) et trouver le bon équilibre entre implication et distanciation (c’est sans doute son plus grand défi !).

Axes de recherches :

  • Éducation et société(s) inclusives sous l’angle des pratiques (collaboratives, pédagogico-didactiques et langagières)

  • Apprentissages en contextes pluriels : contextualisation / décontextualisation / recontextualisation

  • Instruction-socialisation à l’école primaire

  • Relation école-familles sous l’angle des transitions et des mobilités

  • Didactique du français : approches psycholinguistiques et sociodidactiques

 

Mots clés : école inclusive, enseignement-apprentissage, plurilinguisme, pratiques enseignantes, médiations, reconnaissance, partenariat, relation école-familles, coéducation, décrochage scolaire, alliances éducatives